De la caisse de champagne au restaurant, en passant par un week-end dans un château
Tout conseil syndical ou observateur sérieux de la copropriété s’est posé un jour cette question : mais pourquoi les syndics continuent à travailler avec des prestataires chers et peu efficaces ?
Pire encore, pourquoi certains s’évertuent à engager des prestations inutiles qui alourdissent les charges de leurs copropriétés mandantes ?
Cette interrogation est d’autant plus pertinente que les syndics promettent à corps et à cris qu’ils ne perçoivent aucune commission et que les entreprises présentées sont sélectionnées sur des critères stricts et neutres.
Et pourtant, on retrouve toujours des facturations d’extincteurs trois fois plus chers que les prix moyens en vigueur, la réalisation de diagnostics inutiles ou même des prix de fioul largement plus chers que la moyenne.
C’est d’ailleurs ce que l’on a encore constaté sur les contrôles de comptes de l'exercice 2016.
Un phénomène qui somme toute doit bien avoir une explication, à l’heure des comparateurs de prix, à moins que l’on s’appelle « Simplet ».
Voyons donc la suite.
I. Une boîte de chocolat, une bouteille de champagne et pour les meilleurs un voyage
Avant de présenter le petit manège, il faut le dire : tous les cabinets ne procèdent pas de la sorte. D'ailleurs, certains interdisent strictement toute forme de « petit » cadeau.
Néanmoins, ce système existe toujours et ce serait se voiler la face de ne rien dire. Il s’agit tout simplement pour le fournisseur de gratifier le directeur de cabinet, voire dans certains cas les gestionnaires, en proportion des commandes reçues.
C’est ainsi qu’en fin d’année, ils reçoivent leur boîte de chocolats ou leur caisse de champagne, voire un sympathique week-end dans un château.
Nous comprenons alors pourquoi le prestataire est contraint de facturer l’extincteur ou le contrat de maintenance trois fois plus cher que celui du marché.
Bien évidemment, pour se défendre ils mettront en avant le fait qu’il ne s’agit que de cadeaux et en aucun cas de commissions ou de contreparties.
Ne soyons pas dupes : il est question de pots-de-vin où à la fin le directeur du cabinet voire le gestionnaire se sent au minimum reconnaissant ou pire, souhaite en fin d’année un cadeau plus important justifiant qu’il essaye par tous moyens de placer la société dans un maximum de copropriétés.
Cela explique sûrement pourquoi certains syndics s’entêtent à vouloir installer dans les copropriétés des équipements qui n’ont aucun intérêt ou bien à réaliser tous types de diagnostics inutiles : sécurité, termites...
II. Comment réagir ?
Le conseil syndical doit tout d’abord interroger son syndic afin de connaître les sociétés avec lesquelles il travaille et leurs modalités de référencement.
S’il s’agit d’entreprises citées dans la rubrique « abus » de notre site internet, c’est qu’il y a de fortes chances que le syndic soit entré dans le jeu du gagnant/gagnant où le seul perdant est le syndicat de copropriétaires.
Par ailleurs, la coopérative technique de l’ARC a développé un outil internet qui permet aux adhérents collectifs d’obtenir des références de sociétés par corps de métier qui se sont engagées sur une charte de qualité.
Ainsi, si la copropriété souhaite engager une intervention ou acheter du matériel ou des équipements, il peut être judicieux d’interroger les sociétés référencées par notre coopérative afin de connaître le prix du marché.
Il suffira alors d’interroger son syndic afin qu’il s’explique sur la différence de tarifs pratiqués par la société qu’il a sélectionné.
On s’apercevra alors qu’en supprimant la boîte de chocolat, la bouteille de champagne, le restaurant ou le voyage, on retombera pratiquement sur le prix du prestataire sélectionné par Copropriété-Services.
Ouvrez donc bien les yeux et montrez au syndic que personne n’est dupe de son petit manège.