Publication d’un sondage sur la copropriété :
Toute la vérité sur les 42% de désintérêt des copropriétaires pour l’extranet
Dernièrement, une étude concernant la satisfaction des copropriétaires vis-à-vis de leur syndic a été particulièrement médiatisée (nous n'allons donc pas insister pour la présenter !).
Toute la presse spécialisée de l’immobilier, et jusqu’au journal « Le Monde » a cité cette étude qui a analysé plusieurs points, et notamment « la mise en place d’un extranet de copropriété ».
Cette étude a voulu comprendre pourquoi, selon les chiffres obtenus, au moins 37 % des copropriétés interrogées n’avaient pas d’extranet et 42 % des personnes affirmaient ne pas utiliser l’extranet mis en place par le syndic.
Voyons donc les raisons évoquées par cette étude, et ce que nous pensons de la cohérence des arguments avancés.
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Un défaut de vote en assemblée générale
Selon cette étude, la raison justifiant qu’une copropriété sur trois ne dispose pas d’un extranet est le fait que le syndic n’inscrit pas à l’ordre du jour une question spécifique sur ce point.
Cette explication nous parait très insuffisante, puisque depuis le 1er janvier 2015, le syndic est tenu de mettre à disposition de la copropriété un extranet, et qu’il n’est justement nulle part prévu par la loi qu’une décision soit prise en assemblée générale en ce sens.
Bien au contraire, la loi prévoit qu’une question soit inscrite à l’ordre du jour uniquement lorsque le syndicat de copropriétaires souhaite dispenser le syndic de fournir un extranet.
L’article 18-1 du 10 juillet 1965 prévoit en effet « de proposer, à compter du 1er janvier 2015, lorsque le syndic est un syndic professionnel, un accès en ligne sécurisé aux documents dématérialisés relatifs à la gestion de l'immeuble ou des lots gérés, sauf décision contraire de l'assemblée générale prise à la majorité de l'article 25 de la présente loi.».
La véritable raison de l’échec des extranets fournis par les syndics trouve son origine ailleurs. Mais rappelons déjà pourquoi le législateur a souhaité mettre en place cet outil dans les copropriétés.
Cette interface a pour objectif d’améliorer l’échange d’informations entre le syndic et les copropriétaires, en leur fournissant facilement et en toute transparence un maximum d’informations.
En effet, les plateformes extranets permettent aux syndics de mettre en ligne en quelques clics toutes les pièces importantes et utiles au conseil syndical ou bien aux copropriétaires : les factures, les grands livres ou encore les relevés bancaires sont les pièces maîtresses indispensables qui permettent au conseil syndical de réaliser un suivi attentif de la copropriété.
En théorie cette solution répondait aux exigences de transparence souhaitée par les différents acteurs de la copropriété ; mais dans la pratique les professionnels ont saboté ce dispositif…
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La vraie raison du désintérêt pour l’extranet
Toujours selon cette étude, 42 % des personnes interrogées indiquent que « l’extranet mis en place par le syndic est insuffisant ou inintéressant ».
Pourquoi ? Parce que les documents recensés qui se trouvent dans les extranets des syndics sont en réalité des archives de la copropriété telles que : le règlement de copropriété, l’état descriptif de divisions, le carnet d’entretien, les convocations et procès-verbaux des assemblées générales : donc des documents que les copropriétaires possèdent déjà !
Cette même étude fait gentiment une liste des documents présents sur les extranets sans jamais s’alerter de l’absence totale des documents stratégiques tel que nous le préconisons (voir à ce sujet nos articles ci-dessous)…
Et c’est pourtant bien là LA raison du flop des extranets des syndics professionnels !
Ils sont en réalité de pauvres « coquilles vides » regroupant des documents que tout copropriétaire possède déjà, et dans lesquels on n’obtient aucune information récente susceptible d’améliorer le contrôle et le suivi de la gestion de la copropriété par le conseil syndical.
Nous avons d’ailleurs alerté les pouvoirs publics sur la situation et sur l’urgence à publier un décret qui préciserait les documents et options minimums que doit contenir l’extranet du syndic, aussi bien dans l’espace dédié au conseil syndical que dans celui destiné aux copropriétaires (voir : www.arc-copro.com/35kj).
Dommage que cette étude n’ait pas été jusqu’au bout pour comprendre les réponses fournies par les copropriétaires sondés car elle n’a visiblement pas su tirer l’essence de ce sondage avant de le publier…
Pour ceux qui sont intéressés, l’ARC avait effectué sa propre enquête beaucoup moins relayée par les médias : voir : www.arc-copro.com/kt87 et www.arc-copro.com/4n4t.