Les primaires sont, au fond, comme des débats de syndics de copropriété
Lors d’un meeting tenu à Marseille, voici les propos intéressants tenus par Emmanuel Macron :
« Et les débats des primaires dont on nous parle tant [...] ce ne sont pas des débats sur des petites propositions ou des petits désaccords, ce sont des débats entre des femmes et des hommes qui ne partagent plus le même projet [..] Et je vous rassure, au fond, ce sont surtout des débats de syndic de copropriété. Parce qu’ils cherchent, à trouver les moyens de s’organiser, pour que quoi que n’ayant absolument plus rien à dire ensemble sur le pays, au moins les intérêts financiers et ceux du parti soient bien défendus. Alors, je vais vous rassurer, c’est un problème de riches qu’ils ont [...] ».
Indépendamment du discours politique, et quelle que soit l’opinion que l’on a de Monsieur Emmanuel Macron, il résume bien le malaise actuel dans la gestion des copropriétés.
I. Des intérêts, avant tout, financiers
Bien que les syndics soient les mandataires des syndicats de copropriétaires censés défendre sans compromis les intérêts de ces derniers, on constate que la réalité est bien différente.
En effet, il existe un conflit d’intérêts indéniable entre la défense de leurs mandants et la préservation de leurs propres intérêts financiers.
C’est ainsi que nous constatons quotidiennement des abus et des irrégularités commis par les syndics dits professionnels, dans le but d’augmenter leurs profits financiers, au détriment de la bonne gestion des copropriétés.
Cette situation s’explique par le fait que – par la gestion des copropriétés – les syndics manipulent des fonds extrêmement importants et sont tentés d’en profiter d’une manière ou d’une autre.
Que ce soit à travers la mise en place des faux comptes bancaires séparés (voir : www.arc-copro.com/c8df), les factures inutiles, les honoraires abusifs ou illégaux... le point commun est avant tout la préservation et l’augmentation des intérêts financiers du cabinet.
Ainsi, tant que les syndics professionnels ne seront pas menacés par des sanctions pécuniaires ou disciplinaires, la situation sera toujours aussi catastrophique.
En effet, les lois successives depuis celles du 10 juillet 1965 n’ont pas permis d’assainir la situation mais, bien au contraire, l’ont aggravée.
Nous n’osons même plus parler de la mascarade du code de déontologie réglementaire (voir : www.arc-copro.com/93qi) pour lequel une enquête récente menée par l’ARC a démontré que 90% des gestionnaires interrogés par leurs conseillers syndicaux ont avoué ne pas connaitre sa simple existence.
II. Une situation qui va s’aggraver
Depuis plus d’un an, nous informons sans relâche les Ministères de la Justice et du Logement de l’importance de disposer d’une commission de contrôle dans laquelle soient au mieux représentés les intérêts des syndicats de copropriétaires.
En effet, on a pu déjà démontrer le déséquilibre du Conseil National de la Transaction et de la Gestion Immobilières (CNTGI) au sein duquel siègent des associations de consommateurs généralistes qui, malgré leur position, valident des textes réglementaires au détriment des syndicats de copropriétaires.
La raison de cet échec est double :
- cette commission n’est pas paritaire, elle est composée d’une surreprésentation des professionnels (7 membres du 11) ;
- les syndicats de copropriétaires sont représentés par des associations de consommateurs généralistes ayant une connaissance limitée du droit de la copropriété et des abus commis par les syndics professionnels.
Malgré cela, mercredi dernier, en pleine nuit, à la dernière minute – Madame Emmanuelle Cosse, Ministre du Logement – a présenté l’amendement n°808 qui a pour objet non seulement d’augmenter le nombre de professionnels représentés au sein de la future commission de contrôle, mais qui en plus, limite la représentation des syndicats de copropriétaires aux seules associations de consommateurs agréées..
Ainsi, la future commission de contrôle est vérolée, permettant aux syndics de continuer sans risques leurs abus et leurs pratiques irrégulières au détriment des syndicats de copropriétaires.
Nous sommes outrés de constater qu’une Ministre du Logement du parti EELV ait pu céder aux sirènes des professionnels, en mettant en difficulté 8 millions de copropriétaires, y compris rappelons-le des propriétaires occupants.
Ceci étant, il n’aurait pas été question pour l’ARC d’être un instrument pour légitimer cette commission de contrôle si, au final, les professionnels sont surreprésentés, ayant le dernier mot sur les sanctions prononcées.
Madame Cosse a ainsi cru bon d’écarter une association indépendante comme l’ARC, qui est quasiment la seule à dénoncer les abus récurrents commis par les syndics, punissant ainsi tous les copropriétaires que nous représentons.
En effet, ce qu’elle semble avoir oublié, c’est que notre action est non seulement salutaire, mais a pour seule vocation de défendre sans compromis les intérêts des syndicats de copropriétaires.
Nous allons donc, comme à notre habitude, continuer le combat, dénoncer sans relâche les abus et irrégularités des syndics professionnels, assister les conseillers syndicaux pour que les syndics professionnels respectent la loi et leurs pouvoirs ainsi que de consolider la place des syndics bénévoles.