Le plan « bâtiment durable » mise uniquement sur les professionnels
Voici déjà plusieurs années que l’ARC dénonce la démarche des responsables du Plan Bâtiment Durable, cette organisation constituée par le Gouvernement pour atteindre des objectifs d’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment.
En effet, elle n’associe ni les copropriétaires ni les conseillers syndicaux, à la démarche de rénovation des copropriétés.
Lien vers actu du 23/01/2015 : www.arc-copro.com/ysdf.
Lien vers actu du 04/02/2015 : www.arc-copro.com/5kr5.
Nous avons expliqué au président de cette organisation, Monsieur Philippe Pelletier, les raisons pour lesquelles nous considérons qu’il est impossible de prévoir une convention signée uniquement des syndics pour promouvoir la rénovation énergétique des copropriétés : il est indispensable d’avoir au préalable concerté et compris les besoins des copropriétaires.
Malgré nos alertes réitérées, il semble que le président du Plan Bâtiment Durable campe sur ses positions et considère que ce sujet concerne exclusivement les professionnels et non ceux qui vivent en copropriété.
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Une organisation qui persiste dans ses erreurs
Depuis décembre 2014, dans sa démarche pour fédérer professionnels du bâtiment et de l’immobilier autour de son projet, le Plan Bâtiment Durable a mis en place une charte qui a d’abord été signée avec les fédérations nationales des syndics professionnels, pour être ratifiée en mars 2015 par des cabinets de syndic.
Depuis ce temps, à aucun moment cette organisation n’a sollicité les associations représentatives des intérêts des syndicats de copropriétaires (comme l’ARC) pour les associer à cette mobilisation autour de la rénovation des copropriétés.
Pourtant, cela permettrait de comprendre les blocages existants en assemblée générale et de parvenir à voter la réalisation de travaux.
Malgré cette carence, en juillet 2016, à l’occasion de l’assemblée du Plan Bâtiment Durable, la ministre du Logement - Madame Emmanuelle Cosse - est venue soutenir la charte de mobilisation des syndics de copropriété.
Ainsi, pour les pouvoirs publics, ce sont les syndics qui deviendront des « ambassadeurs » de l’efficacité énergétique lors des prochaines assemblées générales de copropriété.
Néanmoins, ils oublient que pour être un bon ambassadeur, encore faut-il être légitimé par ceux que l’on représente.
Comme nous allons le comprendre, c’est sur ce point que réside la principale difficulté.
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Les raisons de l’échec de cette démarche
Pour beaucoup d’industriels du bâtiment et de syndics professionnels, la rénovation des copropriétés et l’efficacité énergétique représentent avant tout un juteux « business ».
Ne nous voilons pas la face : les bureaux d’études, les ravaleurs, les chauffagistes, les installateurs de répartiteurs de frais de chaleur, les syndics professionnels, etc., tous ces intervenants souhaitent obtenir leur « part du gâteau » en espérant, au passage, récupérer un peu de celle du concurrent.
Ce marché colossal de la rénovation est souvent ressenti par les copropriétaires comme une démarche lourde sur laquelle ils ont peu de prise, et encore moins de maîtrise, ce qui entraine de leur part un blocage de principe.
Il est donc essentiel que la rénovation des copropriétés passe avant tout par une prise de conscience des copropriétaires et surtout des conseillers syndicaux qui sont élus par l’assemblée générale.
Il est incontournable non seulement d’associer, mais même de greffer les membres du conseil syndical à l’ensemble des dispositifs et démarches qui ont pour but de promouvoir la rénovation des copropriétés.
Les ambassadeurs sont donc en réalité non pas les syndics professionnels, qui ont forcément des intérêts financiers dans cette démarche, mais le conseil syndical dont l’ambition majeure est la pérennité et la valorisation de son patrimoine.
C’est pour cela qu’il est indispensable de promouvoir une démarche consolidée et vertueuse qui implique le conseil syndical aussi bien dans les phases pré-opérationnelles, notamment dans le choix du bureau d’étude et dans la réalisation des diagnostics, que sur les choix stratégiques qui concernent les bouquets travaux à réaliser.
À défaut, le Plan Bâtiment Durable restera justement…« en plan », essayant de vendre à la ministre du Logement de nouveaux « lobbys » industriels qui ne présentent, concrètement, aucun intérêt pour les copropriétés.
Sachant que le président du Plan Bâtiment Durable ne souhaite toujours pas faire évoluer ses positions, nous allons saisir la ministre du Logement afin de lui rappeler un principe évident qui est que la rénovation des copropriétés n’a aucun avenir si on exclut les copropriétaires et les associations représentatives des intérêts des syndicats de copropriétaires.